Conte japonais #7 – Ichiro et le Tanuki

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Il y a bien longtemps, au fin fonds de la campagne, un enfant très malin du nom de Ichiro vivait avec sa mère. Celle-ci était veuve et elle et le garçon devaient travailler dur pour survivre.

Derrière leur maison s’élevait une colline, et sur cette colline s’étendait un bois. Les grands arbres et les buissons abritaient le territoire d’un tanuki, une bête malicieuse qui ne vivait que pour jouer des tours à tous les malheureux qui croisaient son chemin.

Une nuit que le Tanuki s’ennuyait, il décida de se déguiser en voyageur. Riant sous cape, il vint frapper à la porte d’Ichiro :

– Bien le bonsoir ! J’ai parcouru un bien long chemin et cette journée de marche m’a épuisée. Mes braves gens, accepteriez vous de me laisser passer la nuit chez vous ?

Ichiro ouvrit la porte. Sous le large chapeau brillaient deux yeux espiègles et sous le manteau râpé, on pouvait devinait l’ombre d’une queue. Le garçon reconnut le Tanuki de la colline.

La veuve était une femme douce et généreuse, toujours prête à rendre service.

– Mon bon monsieur vous devez être affamé. Entrez et asseyez-vous ici. Vous partagerez notre repas.

Et il mangèrent tous ensemble dans un silence confortable avant que la mère ne se retire pour la nuit.

Le Tanuki se tourna vers Ichiro :

– Mon garçon, on m’a dit qu’une chose terrible hantait ces collines. Pourrais-tu m’en dire plus?

Ichiro comprit sur le champ que le Tanuki espérait en fait entendre le récit de ses propres tours. Mais, le garçon n’avait aucune envie de louer les bêtises de la bête. Il soudain eu une idée:

– Il est vrai que nous devons faire face à bien des choses effrayantes par ici. Mais, je ne peux pas en parler, c’est bien trop dangereux !

Le Tanuki se pencha, impatient d’en savoir plus :

– S’il te plait, dis moi tout !

Ichiro baissa les yeux:

– J’ai tellement honte monsieur. En-en fait, tout le monde pour ici à peur… des brioches manju.

La bête fut tellement surprise qu’elle en laissa tomber une partie de son déguisement:

– Comment ? Peur des brioches manju ? Mais une brioche ça ne fait pas peur du tout !

Le garçon se mit à trembler, faussement terrifié :

– Je vous en pris monsieur, arrêtons de parler de cela. Juste penser à des brioches me donne la chair de poule !

Le Tanuki vit qu’Ichiro frissonnait de plus belle. Souriant derrière sa patte, il se dit:

Oh ça va être tellement drôle !

Le lendemain matin, lorsqu’Ichiro se réveilla, il n’y avait plus aucune trace du Tanuki. Mais, partout dans la maison, la bête avait empilé des tas et des tas de brioches toutes fraîches.

Le garçon éclata de rire:

– Quel animal stupide !  Maintenant nous avons tout ce qu’il nous faut ! Maman, viens vite voir le cadeau que le voyageur d’hier nous a laissé !

La veuve fut bien sûr fort surprise. Mais, néanmoins ravie par cette généreuse offrande, elle distribua une partie des brioches à ses voisins et dégusta le reste avec son fils.

Haut dans les collines, le Tanuki fulminait :

– Fichu humain, il m’a bien eu ! Mais je ne vais pas me laisser faire !

Et, dans la nuit noire, il vint jeter des centaines et des centaines de cailloux dans le champ d’Ichiro.

– Prends ça gamin ! Tu n’aurais pas du te jouer de moi !

le jour suivant, Ichiro et sa mère s’en allèrent aux champs. Voyant sa bonne terre recouverte de pierres, la veuve s’écria :

– Par les Dieux, que s’est-il passé ici !

Mais Ichiro, suspectant un nouveau tour du Tanuki, s’approcha vite d’elle et lui répondit bien fort en lui faisant un clin d’oeil :

– Tout va bien Maman. Tu sais ce qu’on dit : couvre ton champ de pierres tous les 3 ans et tu auras de belles récoltes ! Je ne sais pas qui a fait ça mais quel coup de main ! Je préfère qu’on ait tous ces cailloux plutôt que cet horrible crottin de cheval !

Et cela dit, le garçon entraîna sa mère vers leur maison en murmurant :

– Tu verras Maman, tout va bien se passer !

Cachés sous les broussailles, le Tanuki se tenait tout honteux :

– Je ne savais pas que les pierres étaient une bonne chose et les crottes de cheval une mauvaise…

Et ce soir là, la bête retira tous les cailloux du champs et les remplaçant avec un fumier bien puant.

Les saisons s’écoulèrent et quand l’automne arriva, la veuve et son fils ramassèrent une formidable récolte. Le fumier bien riche avait fait des merveilles sur leurs cultures.

Le Tanuki, tête basse, pleurait à chaudes larmes sous les buissons:

– Oh non, oh non j’ai encore été trompé. Ichiro est vraiment plus malin que moi…

Pourtant, le vent porta les pleurs du Tanuki jusqu’aux oreilles du garçon. Celui ci sourit et cria vers la colline :

– Tanuki ! Tanuki où es-tu ? Tu vois toutes ces patates douces et ces radis bien juteux ? Grâce à toi nous ne mourrons pas de faim cet hiver ! Viens avec nous, il y a bien assez à manger pour trois !

Le Tanuki, touché par tant de gentillesse, s’approcha d’Ichiro en reniflant :

– Oh mon garçon, merci, merci beaucoup !  

Et à partir de ce jour, la bête cessa de jouer des tours et vécu en paix dans le bois derrière la maison d’Ichiro, lui rendant visite de temps en temps pour partager bons repas… et gros fou rire.


Notes:

Les tanuki (aussi appelés chien viverrins) sont des yokai malicieux dont les pouvoirs sont assez comparables à ceux des Kitsune. Ce sont notamment des maîtres de l’imposture, certains contes décrivent ainsi des tanuki vivant parmi les humains sans jamais être démasqués.

A la différence des renards, on considère les tanuki comme des créatures joviales et hédonistes – bien que, comme pour tous les yokai, leurs tours ne soient pas toujours sans risque pour les humains !

Au Japon, on trouve souvent des statuettes de tanuki devant les magasins. Cet animal est en effet un symbole de chance et de prospérité.

Si vous souhaitez en savoir plus sur le folklore du tanuki, je recommande Pompoko du Studio Ghibli qui couvre la base des mythes qui les entourent – notamment leurs  « boules »magiques 😉

[Sources images : : 1 / 2 / 3 ]

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